Saint François Hollande: Portrait de 1997

Bien que le Ps n’est pas le Club Med, Hollande ne peut rester qu’un « gentil organisateur », et surement pas un futur chef d’Etat.

Retour en arrière: Portrait de Jacques Cordy pour Le Soir 
Lundi 24 novembre 1997.

Ce fils, d’un médecin plutôt de droite et d’une mère assistante sociale
plutôt de gauche, a suivi le parcours classique du rejeton de bonne famille
provinciale. Né à Rouen il y a 43 ans, François Hollande a «fait» son
droit, des études commerciales de haute volée, Sciences-Po et l’ENA.
Cet atypique de la politique n’y est venu qu’après un crochet à la Cour des
Comptes. La gauche, la politique active ? Les cabinets ministériels
allaient l’y mener, de même que la participation directe à la vie
municipale, en une région élue de son coeur, l’Auvergne. Pris au jeu, il
devait même un jour tenter le diable en chiraquie puisqu’il réussit à se
faire élire (en 1988) député PS de Corrèze ! Au scrutin suivant (1993), ce
fut l’échec. Mais coucou revoilà François à l’élection surprise du
printemps dernier.

Entre-temps, au PS, bien des aspects de la vie du parti le rebutent. Par-
dessus tout, la lutte à couteaux tirés entre «courants». Jamais cet homme
conciliant de tempérament ne s’est senti d’un «clan». Cet ami de chacun se
fait l’apôtre du «transcourant», à ses yeux seul modus vivendi possible
dans une formation politique aussi baroque que le PS rafistolé par
Mitterrand, composé d’êtres aussi différents que Rocard, Fabius,
Emmanuelli, Delors, Savary ou Poperen.

Un comportement que tout le monde n’apprécie pas. Le «gentil» Hollande en
vient à agacer jusqu’à Jospin, qui se demande, au milieu des péripéties du
féroce congrès de Rennes (1990), pour qui roule ce curieux camarade.
Pourtant, le bon François, proche de tous, homme de réseaux multiples, de
clubs d’études, d’associations, affine son style déroutant au milieu des
déchirements qui finissent par épuiser le parti. Et c’est sa modeste
revanche : le crépuscule du mitterrandisme fait émerger des gens de sa
sorte. Entre autres, ô paradoxe, un Jospin au «courant» éclaté, privé
d’amis mais tout animé d’une liberté nouvelle, ardeur intacte, auréolé de
son rigorisme. Ils étaient faits pour se retrouver. Hollande est de
l’équipe audacieuse de Jospin lorsque le PS, fourbu, préfère ce dernier au
flambant Emmanuelli pour l’indécise course à l’Elysée de 1995.

Tout le reste s’enchaîne. Rond, rieur, porté à l’humour, bon débateur, il
devient tout naturellement le porte-parole du candidat Jospin. Deux ans
plus tard, celui du gouvernement. Jospin a eu le temps d’apprécier ses
compétences et sa fidélité. Ils s’apprécient, travaillent ensemble, se
comprennent à demi-mot. Climat idéal pour un «dauphin».

Le «gentil organisateur» Hollande hérite d’un parti pacifié. Mais le PS
n’est pas le «Club Med». Lune de miel et consensus populaire sont choses
éphémères. Au parti, la prochaine répartition des places sera chaude; dans
le pays, l’embellie économique n’est pas attendue avant la mi-1998.

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